Sherbrooke et sa forêt

Dans le sud du Québec, la quasi-totalité des forêts sont des forêts privées. Les propriétaires sont souvent impliqués dans une exploitation agricole et la plupart d’entre eux possèdent de petites propriétés de moins de 50 hectares. Ce que les propriétaires ont en commun, c’est un souci de la pérennité de leur forêt. Selon un sondage réalisé en 2012, la grande majorité des propriétaires de boisés croit qu’il est possible d’aménager une forêt tout en protégeant le milieu naturel et espère transmettre leur forêt en héritage. Pour bien se situer, une forêt aménagée n’est pas un parc mais bien une forêt où les interventions humaines sont en ligne avec la nature mais en devançant les effets. Que ce soit par le reboisement, la récolte de tiges malades, mortes ou moribondes pour dégager des tiges d’avenir, ces interventions sont la continuité de ce que Dame Nature fait avec les forêts.

Les forêts du sud du Québec, dont font parties les forêts de Sherbrooke, sont composées d’arbres très diversifiés. Elles regroupent des dizaines d’essences dans 2 catégories : les conifères et les feuillus.

Voici les principales essences :

  • Conifères : les épinettes, le mélèze larcin, les pins, la pruche du Canada, le sapin baumier et le thuya occidental

  • Feuillus : les bouleaux, les caryers, les cerisiers, les chênes, les érables, les frênes, le hêtre à grande feuilles, le noyer cendré, les ormes, l’ostryer de Virginie, les peupliers, les saules et le tillleul d’Amérique

Plusieurs de ses essences ont un potentiel intéressant pour le bois d’œuvre, mais le potentiel de la forêt ne se limite pas à ça. L’aménagement d’érablières pour la production de sirop est une activité très populaire dans le sud du Québec et Sherbrooke en compte quelques-unes sur son territoire. Pour que cette activité demeure possible dans le futur, il est important de maintenir la santé des érablières. D’autant plus que ces milieux forestiers font face à un nombre croissant de pressions : les maladies, les plantes envahissantes, l’acidification des sols, l’étalement urbain, etc. Pour bien s’occuper des érablières, un aménagement de la forêt et l’amélioration des techniques d’entaillage sont essentiels.

Dans le cas des propriétaires de grandes superficies boisées, la situation est différente. Ces propriétaires sont généralement des entreprises actives dans la transformation du bois. Par exemple, Domtar, qui est une importante compagnie privée, possède de grandes superficies boisées en Estrie et en Chaudière-Appalaches. Elle gère et aménage ses lots boisés pour la récolte de matière ligneuse en plus de la transformer en pâtes et papiers et en bois de sciage.

Pour un propriétaire de petites superficies, l’aménagement de son boisé génère un revenu d’appoint puisque les bénéfices engendrés par l’aménagement forestier de petites superficies sont souvent relativement faibles.

Un propriétaire de boisé peut bénéficier de divers programmes d’aide à l’aménagement forestier. Pour ce faire, il doit être reconnu producteur forestier, c’est-à-dire qu’il doit posséder une superficie à vocation forestière d’au moins 4 hectares, dotée d’un plan d’aménagement forestier conforme, et s’enregistrer auprès du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec. Un propriétaire de boisé n’a toutefois pas besoin d’être reconnu producteur forestier pour mettre du bois en marché.

Comme sur le marché du travail depuis plusieurs années, un changement de génération s’effectue de plus en plus chez les propriétaires de lots boisés. La nouvelle génération de propriétaires a de multiples motivations pour l’achat de ces terrains. Plusieurs y voient un investissement monétaire mais aussi un investissement dans la qualité de vie. La sylvothérapie gagne de plus en plus d’adeptes. À une autre époque, les gens savaient que la marche en forêt leurs apportaient du bien mais aujourd’hui, cette activité a un nom. La récolte de Produits Forestiers Non Ligneux (PFNL) comme la sève d’érable, les champignons sauvages, le ginseng à cinq fioles, l’ail des bois sont aussi des activités très prisées par les propriétaires forestiers qui y voit un passe-temps intéressant et différents qu’ils peuvent effectuer sur leurs propriétés. Bien entendu, les activités plus classiques de pêche, de chasse et de récolte de bois sont encore des motivations importantes des nouveaux propriétaires de lots boisés.