L’intérêt pour l’achat local connait une montée impressionnante depuis les deux dernières années et le Défi 100% local en bénéficie largement. En plein cœur de la période d’abondance de fruits et légumes frais, la population est invitée à prendre part à la 8e édition du Défi, tout le mois de septembre.
Pendant la pandémie, plusieurs personnes ont choisi de privilégier les produits locaux, étant de plus en plus sensibilisées sur leurs habitudes de consommation. La pandémie (quasi) derrière nous, les producteurs sont tout de même confiants que cet intérêt pour l’achat local se poursuivra.
« Se nourrir sainement et entretenir une relation avec nos producteurs agricoles locaux est franchement sécurisant, indique Marie-France Audet, conseillère en développement agroalimentaire chez Entreprendre Sherbrooke. Je sais que les inscriptions aux paniers de légumes ont diminué cette année due entre autres à l’augmentation du coût de la vie, mais c’est un déséquilibre passager selon moi. »
Hausse de participation au Défi!
L’édition 2021 du Défi 100 % local a connu une hausse de participation de 170 % en Estrie par rapport à 2020. Quant à cette édition, le nombre d’inscriptions va bon train (le Défi commence le 1er septembre!). L’équipe derrière le Défi a choisi de privilégier la même formule que l’an dernier, soit trois catégories d’actions ; cuisiner, s’approvisionner et produire sa nourriture. Les objectifs sont variés et les participants sont invités à respecter leur rythme et leurs propres objectifs.
Pour certains, le Défi se limitera au remplacement d’un produit de base par un aliment local, pendant que d’autres tenteront de manger un repas par jour cuisiné entièrement avec des produits locaux. Mme Audet, qui prend part au Défi depuis plusieurs années, s’est déjà même donné l’objectif de manger trois repas par jour faits avec 80 % de produits locaux. La cuisine locale fait maintenant partie des habitudes de vie de sa famille.
« J’ai vécu ma première expérience en 2019 avec toute ma passion pour l’agriculture. Ce défi m’a convaincu du bien-fondé d’acheter local, mais il m’a surtout permis d’enraciner une valeur importante dans ma famille, autant auprès de mon conjoint que de mes deux enfants de 10 et 12 ans. L’expression “c’est local ça, maman” sert à rigoler ou à argumenter toutes les semaines. L’important est de faire un premier pas et de se questionner de plus en plus. Ensuite, il faut suivre son rythme sans se juger, ni juger les autres. »
Un travail de sensibilisation qui n’est pas terminé
Même si l’achat local est de plus en plus privilégié, le travail de sensibilisation auprès de la population est loin d’être terminé. Par exemple, selon un sondage paru dans le journal Le Droit en février 2021, parmi toutes les régions du Québec, c’est à Sherbrooke que les gens se disaient moins enclins à acheter local à tout prix. Les Sherbrookois seraient aussi portés, selon le sondage, à acheter localement surtout « lorsque c’est plus avantageux » (49 % contre 39 % en moyenne pour le reste du Québec).
Il est donc essentiel de poursuivre les initiatives liées au développement des stratégies de promotion et à la mobilisation des acteurs du milieu. D’ailleurs, des efforts particuliers pour rendre les produits frais locaux plus accessibles à tous sont déployés depuis quelques années à Sherbrooke. Par exemple, le projet « Un fermier dans mon quartier », une initiative de l’Alliance sherbrookoise pour des jeunes en santé, permet la présence de kiosques de légumes dans des quartiers où l’on observe des déserts alimentaires.
Quant à Agriculture Sherbrooke, une initiative de la Ville de Sherbrooke (chapeautée par Entreprendre Sherbrooke), elle a pour mandat d’encourager l’achat local, d’augmenter la visibilité des producteurs sherbrookois et de favoriser les partenariats entre les différents acteurs du milieu.
Par exemple, en janvier 2021, une activité qui réunissait les producteurs sherbrookois et les restaurateurs a connu un franc succès. Pour l’occasion, 25 paniers de produits d’une dizaine de producteurs agricoles de Sherbrooke ont été remis à des chefs cuisiniers de restaurants d’ici, dans le but de mettre en valeur nos agriculteurs et de favoriser les partenariats entre producteurs et restaurateurs. Puis, l’automne dernier, une autre activité du genre a été déployée. Cette fois, 120 plats ont été cuisinés avec des produits agricoles de Sherbrooke par quatre chefs restaurateurs, pour ensuite être remis à l’organisme Moisson Estrie.
Héléna Hubert, conseillère en développement bioalimentaire chez CIBLE (Conseil de l’industrie bioalimentaire de l’Estrie), constate aussi une progression en ce qui a trait à l’accessibilité des produits locaux.
« Avec le rythme de vie des gens, les valeurs de proximité se sont perdues avec le temps, mais ça revient. Les clients aiment discuter avec les producteurs. C’est vrai que de privilégier les petits producteurs aux alentours peut demander plus d’organisation et de temps, mais beaucoup d’entre eux ont maintenant des boutiques en ligne. Puis, avec l’inflation, les prix dans les épiceries ont beaucoup augmenté, mais l’ensemble des producteurs avec qui j’ai parlé récemment ont choisi de maintenir leurs prix, ce qui permet de s’approcher des prix des épiceries tout en offrant des produits plus frais et locaux. »
Pour plus de détails sur le Défi ou pour s’inscrire, rendez-vous ici. Tout au long du Défi, les participants recevront divers outils, trucs et contenu pour les accompagner dans leurs objectifs. Cliquez ici pour en savoir plus sur Agriculture Sherbrooke.
Photos dans le texte:
- Jonathan de la Ferme des trois cultures
- Cassandre de la ferme La Boite à légumes
- Activité organisée par Agriculture Sherbrooke, l’automne dernier, avec les chefs Charles-Emmanuel Pariseau, Daniel Charbonneau, Suzie Rainville et Maxime Verpaelst