La Ville de Sherbrooke a toujours eu la volonté de favoriser une cohabitation harmonieuse entre le monde agricole et résidentiel. En cette période d’épandage de fertilisant, il est important de rappeler à la population que cette pratique est nécessaire au rendement de l’agriculture en plus d’éviter l’enfouissement de matières. Les producteurs et productrices font des efforts pour limiter les odeurs liées à l’épandage, mais les résidentes et résidents doivent être tolérants face à ces inconvénients.
Même si les pratiques agricoles ont changé au cours des décennies, l’épandage des engrais de ferme provenant de déjections animales ou de matières résiduelles fertilisantes est encore une méthode efficace utilisée.
Au Québec, l’épandage se déroule entre le 15 avril et le 30 septembre. Lors d’un épandage, l’odeur du fumier ou des matières résiduelles fertilisantes peut être présente pendant environ trois ou quatre jours. Afin de minimiser les inconvénients, bien des producteurs et productrices choisissent d’épandre sachant que la pluie sera au rendez-vous dans les prochaines heures.
« De mon côté, je choisis toujours mon temps d’épandage, indique Daniel Breton, agronome, producteur agricole et membre du comité de suivi du Plan de développement de la zone agricole (PDZA) de la Ville de Sherbrooke. Après un épandage, la pluie fait en sorte que les odeurs restent moins longtemps. Cependant, il ne faut pas que les pluies soient trop abondantes, pour ne pas endommager les champs. S’il y a sécheresse, les odeurs peuvent rester deux ou trois jours de plus. »
Une technique agricole nécessaire
Les équipements d’épandage ont aussi évolué au fil des années en ce qui a trait à la gestion du fumier. Malgré l’évolution de la machinerie, des normes du gouvernement et des efforts des producteurs et productrices, il est parfois difficile d’éviter complètement les odeurs.
« C’est un cycle qui est nécessaire si on veut manger et boire du lait, souligne Daniel Breton. C’est notre façon de réutiliser les déjections des animaux. Nous les remettons en champs. On retrouve de plus en plus de maisons tout près de terrains agricoles. Les gens choisissent la campagne, mais il y a certains inconvénients. »
Louis-Philippe Lemay, de la Ferme Lemay, abonde dans le même sens. « Nous faisons attention, mais les gens doivent être tolérants. L’épandage est très important pour fertiliser les champs. »
À Sherbrooke, les secteurs touchés par les odeurs liées à l’épandage sont principalement ceux de Brompton et de Deauville. Selon Daniel Breton, les résidentes et résidents qui vivent à proximité des fermes sont tolérants et les plaintes, plutôt rares, sont « majoritairement en lien avec les matières résiduelles fertilisantes (MRF), utilisées par des producteurs et productrices qui n’ont plus nécessairement d’animaux et qui veulent enrichir leur sol ». Ces résidus ont des propriétés bénéfiques pour les sols et les cultures. Les odeurs sont un peu plus fortes, mais l’épandage de MRF respecte les normes et rend service à la société, puisqu’il s’agit de résidus industriels, boues de papetière par exemple, et municipaux, comme les boues provenant du traitement des eaux usées de la ville.
Notons que l’an dernier, un plus grand nombre de plaintes a été enregistré en raison d’odeurs plus fortes à certains endroits. Les fermes concernées ont pris en considération ces plaintes et utilisent maintenant un fertilisant ou un lieu d’épandage différent ainsi qu’une méthode différente.
« Nous prenons ces plaintes très au sérieux et cherchons à voir comment diminuer les risques d’odeurs. Toutefois, cette étape est essentielle pour les productions agricoles et, nous l’avons bien vécu cette année, le travail de nos agriculteurs et agricultrices est primordial pour assurer une sécurité alimentaire, particulièrement en temps de crise », soutiennent M. Pierre Tremblay, conseiller municipal du district du Lac-Magog et Mme Nicole Bergeron, présidente du comité consultatif agricole de la Ville de Sherbrooke.
Quelques chiffres
Selon les données du ministère de l’Alimentation, des Pêcheries et de l’Agriculture du Québec (MAPAQ), la Ville de Sherbrooke comptait 71 fermes enregistrées en 2015. Ces fermes généraient alors des revenus totaux d’un peu plus de 14,4 millions de dollars. Les productions sur le territoire se concentrent principalement dans les bovins de boucherie (18 %), le lait (16 %) et les fourrages (16 %) ainsi que dans les petits fruits (9 %).
Photo : Ferme Lemay