Serres St-Élie

Un nouveau projet qui permettra d’accroitre la production de semences de qualité et écologique voit le jour aux Serres St-Élie. Mélanie Grégoire, directrice générale de l’entreprise familiale, a décidé de s’associer à Lyne Bellemare, semencière artisanale et fondatrice de Terre promise, afin de créer le projet Semence Terre promise. 

À l’aube de la période des semences, l’annonce de cette union tombe à point. « J’ai une fascination pour les semences et le travail des semenciers, explique Mélanie Grégoire. J’ai toujours trouvé que les semenciers étaient sous-estimés, car leur travail est colossal. Lyne Bellemare est une amie de longue date. Nous avons les mêmes valeurs au niveau du développement et, comme moi, elle est vraiment passionnée par les semences anciennes. Cette association nous permettra d’être beaucoup plus efficaces au niveau de la quantité et de la diversité, puisque nous avons maintenant deux lieux. » 

Un champ de production situé à Montréal s’ajoute donc au champ de Sherbrooke, offrant ainsi plus de deux acres pour la production de semences, soit plus de 300 plantes potagères, fines herbes et fleurs, entre autres. Si l’efficacité est importante, la qualité et la variété le sont tout autant. 

« Chaque variété a ses caractéristiques propres, ce qui la rend unique, explique Lyne Bellemare. D’une génération à l’autre, les variétés sont sélectionnées pour leurs saveurs, leurs couleurs, leurs formes ou pour leur résistance aux maladies, aux ravageurs ou aux aléas climatiques. Certaines sont tombées dans l’oubli au cours de l’histoire, en raison de leur incapacité à résister au transport sur de longues distances, ou de leur fragilité à la manutention telle qu’elle est pratiquée dans le système alimentaire de masse actuel. De notre côté, nous les réhabilitons et nous les partageons avec le public pour assurer une meilleure diversité nutritionnelle. » 

 

Plantes et fleurs

Un métier, une vocation   

Les deux entrepreneures et partenaires d’affaires ont une passion commune pour l’horticulture. Mélanie Grégoire baigne dans ce milieu depuis toujours. Elle était déjà née lorsque l’entreprise familiale a ouvert ses portes, il y a 45 années. Les Serres St-Élie ont été créées entre autres par le père de Mélanie, Jean Grégoire, lui-même fils d’horticulteurs. « L’horticulture, c’est plus qu’un travail et une passion, c’est un mode de vie pour moi », précise Mélanie.  

Avec ses différents services et spécialités, Serres St-Élie compte aujourd’hui quelque 70 employés en saison forte. L’entreprise sherbrookoise a ajouté les semences à sa fiche de spécialisations en 2019.   

Quant à Lyne, fondatrice de Terre promise, semencière et auteure, c’est tout simplement la curiosité qui l’a menée vers une passion pour la terre. « Toute jeune, je courais dans les champs de maïs, près de notre résidence, au grand dam de mes parents qui ne savaient jamais où j’étais, se souvient-elle. Plus tard, j’ai adhéré aux jardins communautaires, mais personne ne conservait ses semences. Même les gens plus âgés ne connaissaient pas le de mode de reproduction des légumes. C’est donc par curiosité que je me suis mise à la recherche de techniques de culture des semences et je suis tombée dans la marmite! » 

Cette grande passion pour la terre est aussi de plus en plus répandue dans la population. Et la pandémie y est certainement pour quelque chose. « En 2020 et 2021, les gens cherchaient des activités pour se divertir, alors qu’ils étaient tous en quarantaine, explique Mélanie. On a donc remarqué un intérêt pour les semis. Les gens partaient des semis à l’intérieur. En 2022, les gens ne jardinent plus nécessairement pour le divertissement, mais davantage par souci d’autonomie alimentaire et en raison de l’inflation. Ils vont davantage chercher des plants plutôt que de faire des semis, qui demandent beaucoup de travail et d’énergie. » 

Semis graines 

Questions-réponses avec Lyne Bellemare  

Quelles sont les particularités des semences chez Terre promise ? 

« Nous nous spécialisons dans les variétés rares, québécoises, donc nous avons une collection de semences ancestrales, par exemple le lin que l’on utilisait autrefois pour tisser, les semences tinctoriales pour teindre les vêtements, ou encore les haricots ou le maïs rares provenant des Premières nations, comme le haricot Kahnawake Mohawk, qui peut dépasser les huit pieds de haut! » 

Les semences de Terre promise sont à pollinisation libre. Ce qui veut dire? 

« La semence à pollinisation libre est une semence que l’on peut récolter et ressemer, contrairement à l’hybride que l’on doit acheter à nouveau chaque fois. L’important, c’est qu’elle puisse s’adapter à notre milieu, nos conditions et nos nuisibles année après année. On les sélectionne pour des caractéristiques que l’on veut, comme la couleur ou la grosseur du fruit. » 

Est-ce qu’il y a un lien avec les températures vécues durant l’hiver et au début du printemps pour l’activité des semenciers et leurs semences?  

« La température affectera la culture en saison, et donc la récolte des semences. Si on n’a pas de couvert de neige, les vivaces souffriront et on perdra des plants. Les bisannuels, qui sont cachés dans un trou sous la terre tout l’hiver (technique amérindienne de conservation), seront affectés par un hiver trop rude ou avec trop de variation et on ne pourra pas les replanter au printemps pour faire des graines. Mais sinon, tout dort pendant l’hiver et notre activité est essentiellement l’ensachage et la vente durant cette saison, contrairement aux maraîchers, qui ont une période plus calme. » 

Semis

Quelles sont les variétés les plus populaires chez les amateurs?  

« Pour les semis, je dirais la tomate Frontenac, une belle rouge très ronde, la tomate mémé de Beauce, une variété provenant d’une maison abandonnée dans la Beauce et qui a une jolie histoire, ainsi que le concombre tante Alice, un concombre digestible à la peau très mince. Les nouvelles vedettes sont les tomates micro naines, qui sont comme des mini-bonzaïs que l’on peut cultiver sur les balcons et dans d’autres petits endroits. Pour la récolte de semences, je recommanderais des variétés faciles, comme les laitues, les tomates et les haricots, et j’éviterais les variétés bisannuelles ou les courges, qui sont très difficiles à isoler pour conserver les semences. » 

Vous voulez en savoir plus sur les Serres Saint-Élie ? Rendez-vous ici. Pour en savoir plus sur Terre promise, c’est ici.  

 

Photos : Mélanie Grégoire et Lyne Bellemare

Crédit photos : Agriculture Sherbrooke, Ville de Sherbrooke

 

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